Regards croisés sur des figures de reliquaire du Gabon

C. Moulherat, N. Garnier, P. George, D. Hadjouis, C. Lavier, F. Lheureux, C. Vaniet

Le culte des ancêtres était une pratique très répandue dans les sociétés traditionnelles du Gabon avant leur christianisation à la période coloniale. Appelé byéri ou byer chez les Fang et bwété ou bwiti chez les Kota, il était caractérisé surtout par la conservation des reliques des défunts illustres, qu’il s’agisse de chefs de clan, de chefs de lignage, de femmes très prolifiques ou sorcières (Perrois 1977, 75).

Conservées dans une boîte en écorce (chez les Fang) ou un panier (chez les Kota) et surmontées d’une figure anthropomorphe en bois, les reliques étaient consultées avant toute action importante : chasse, pêche, voyage, choix d’un terrain de plantation ou de villages, mariage, alliance, palabre, guerre, etc. Le but de ces rites était toujours de maintenir un contact étroit entre les vivants et le monde de l’au-delà. Au rôle religieux du reliquaire s’ajoutait un rôle politique : il légitimait le pouvoir des chefs par la possession des crânes et reliques divers des chefs successifs qui avaient dirigé le clan antérieurement.

Chez les Kota, les figures de reliquaires étaient simplement montrées aux fidèles autorisés à les voir. Chez les Fang, les statuettes ou têtes en bois étaient séparées de leurs reliques et utilisées comme des marionnettes agitées par le responsable des rites au-dessus d’un pagne tendu entre deux arbres pour les présenter à l’assistance réunie.

Fine art or fake art? Etude d’une collection d’objets Sepik et Asmat du Musée du Quai Branly

Nicolas Garnier

Introduction. La collection acquise par le Pr Jean Guiart en 1965 dans la vallée du Sepik en Papouasie-Nouvelle-Guinée et auprès d’un marchand de Sydney, Gene van Grecken, a fait l’objet de nombreuses polémiques quant à son authenticité. Entrés dans les collections du musée des Arts africains et océaniens au début des années 1960 (sous les numéros de série1966.1 et 1966.14) , aujourd’hui Musée du Quai Branly, les objets n’avaient encore jamais été analysés par des techniques permettant la caractérisation physico-chimique des matériaux. Afin d’apporter le maximum d’informations pertinentes et fondées aux conservateurs et historiens de l’art, nous avons proposé un ensemble d’analyses destinées à identifier les matériaux constitutifs des objets, matériaux tant minéraux utilisés pour les pigments, qu’organiques pour les patines des objets. Suivant la nature des matériaux identifiés, naturels ou de synthèse, dans ce cas disponibles seulement à partir de leur fabrication industrielle et de leur commercialisation, des hypothèses peuvent être avancées quant à la date de fabrication de l’objet, des matériaux employés en relation ou non avec l’ethnie d’origine. Autant d’arguments qui, croisés, permettent de proposer la création de faux à défaut de pouvoir s’assurer de l’authenticité d’une œuvre..