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Regards croisés sur des figures de reliquaire du Gabon
C. Moulherat, N. Garnier, P. George, D. Hadjouis, C. Lavier, F. Lheureux, C. Vaniet
Le culte des ancêtres était une pratique très répandue dans les sociétés traditionnelles du Gabon avant leur christianisation à la période coloniale. Appelé byéri ou byer chez les Fang et bwété ou bwiti chez les Kota, il était caractérisé surtout par la conservation des reliques des défunts illustres, qu’il s’agisse de chefs de clan, de chefs de lignage, de femmes très prolifiques ou sorcières (Perrois 1977, 75).
Conservées dans une boîte en écorce (chez les Fang) ou un panier (chez les Kota) et surmontées d’une figure anthropomorphe en bois, les reliques étaient consultées avant toute action importante : chasse, pêche, voyage, choix d’un terrain de plantation ou de villages, mariage, alliance, palabre, guerre, etc. Le but de ces rites était toujours de maintenir un contact étroit entre les vivants et le monde de l’au-delà. Au rôle religieux du reliquaire s’ajoutait un rôle politique : il légitimait le pouvoir des chefs par la possession des crânes et reliques divers des chefs successifs qui avaient dirigé le clan antérieurement.
Chez les Kota, les figures de reliquaires étaient simplement montrées aux fidèles autorisés à les voir. Chez les Fang, les statuettes ou têtes en bois étaient séparées de leurs reliques et utilisées comme des marionnettes agitées par le responsable des rites au-dessus d’un pagne tendu entre deux arbres pour les présenter à l’assistance réunie.