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Matériaux organiques et archéologie

Les vestiges découverts sur les chantiers de fouilles archéologiques témoignent de l’utilisation systématique de matériaux organiques par les hommes au cours des siècles. Utilisés depuis les temps préhistoriques, ils peuvent provenir soit du règne animal et sont constitués de matières osseuses ou kératinisées en général, soit du règne végétal, comme l’atteste la découverte de graines et de noyaux, souvent carbonisés, de charbons de bois, cendres, phytolithes. Ces matériaux doivent leur conservation à leur fraction minérale importante, ou à leur structure moléculaire compacte et totalement hydrophobe qui les protègent des attaques enzymatiques et de toute agression physico-chimique du milieu extérieur. Si les tissus kératinisés — poils, cheveux, ongles, corne — en sont les meilleurs exemples pour le monde animal, les bois, écorces, feuilles et fruits des végétaux peuvent aussi être préservés. Ils doivent leur subsistance à la conservation tout au moins partielle de leur structure moléculaire, mais aussi de leur morphologie à l’échelle micro- ou macroscopique. La rigidité des structures est assurée par deux phénomènes : la calcification, consistant en une microcristallisation de calcite sur trame de cellulose, ou la silicification, caractéristique des plantes supérieures se distinguant par des dépôts de silice, de calcite ou d’oxalate de calcium dans des organites spécifiques de la plante (vacuoles, parois lignifiées de cellules « cristalliques » des arbres) [Robert:1998, pp. 130-132]. Les phénomènes de carbonisation, i.e. de minéralisation anthropique par chauffage ou de minéralisation suivant des processus post-dépositionnels de fossilisation, sont aussi garants du caractère inhérent biorésistant du matériau, dont dépend la conservation d’une fraction de la matière organique constitutive de ce matériau biologique originel. À des échelles de temps plus longues, de l’ordre de quelques siècles, les matériaux peuvent aussi acquérir eux-mêmes une biorésistance par vulcanisation par exemple, entraînant la formation d’un matériau organique homogène amorphe. Ce procédé, dont seuls les premiers stades sont visibles à notre échelle, caractérise les fossilisations sur plusieurs milliers d’années, conduisant à des composés riches en hydrogène appelés matières pétrolières [Boussafir:1997 ; Murray:1999]. La subsistance des morphologies originelles permet une identification des restes d’après des méthodes naturalistes.

[Extrait thèse de doctorat NG, 2003, p. 5]

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